Aller au contenu

La transition une utopie concrète

LA TRANSITION UNE UTOPIE CONCRETE

On assiste ces dernières années un peu partout sur la planète à une multiplication d’initiatives et d’expérimentations citoyennes qui se revendiquent de la « transition », le terme faisant même aujourd’hui l’objet d’un recyclage sur un plan plus institutionnel. Le Manuel de la transition de Rob Hopkins, un agronome adepte de la permaculture, publié en France 2010, a donné une certaine visibilité à ces initiatives. S’appuyant sur l’expérience de Totnes au Royaume-Uni, ville de naissance du mouvement des Villes en transition (Transition Towns), l’ouvrage a rapidement commencé à circuler dans les milieux militants, au point de devenir une référence, sans pour autant être élevé au rang de bible absolue. Ceux qui se reconnaissent dans le mot d’ordre de « transition ! », tel que défini par Rob Hopkins, affirment s’inscrire dans un type d’engagement dont le pivot est le passage à l’action sur fond de réenchantement et de réappropriation de l’existence. Les « transitionneurs » font le choix de faire bouger les organisations et institutions existantes sans prendre pied dans ces dernières. Luc Semal définit le Mouvement de la transition « comme un mouvement fondamentalement optimiste et constructif qui suggère que face aux chocs globaux annoncés (climatiques, énergétiques et économiques), les communautés locales reconstruisent en urgence leur résilience locale. Pour cela elles doivent prioritairement relocaliser une part de leur production alimentaire et énergétique [1]. Face à un futur qui sera très probablement sans pétrole, les transitionneurs recourent à la notion de « résilience » en l’appliquant aux villes pour engager une transition voulue, espérée, fêtée et non subie. Cette notion, toujours selon Semal, « désigne la capacité d’un écosystème à encaisser un choc sans s’effondrer et à se réorganiser en se réinventant pour le surmonter [2]..

Passé le moment de la découverte, l’objet pose un certain nombre de questions. Le mot d’ordre, tout d’abord. Pourquoi « transition » ? D’où part-on et où va t on, en combien de temps, et avec qui ? Pourquoi ce mot-là, alors qu’il en existe tant d’autres (décroissance, locavores, slow cities, buen vivir etc.) revendiqués par des mouvements dont les pratiques semblent se rapprocher très fortement de celles mises en œuvre par les « transitionneurs » : insistance sur le « faire », critique des institutions établies et volonté de mettre en place des alternatives ici et maintenant, apparemment sans chercher à « prendre le pouvoir » ni utiliser les outils collectifs de mobilisation que sont les syndicats ou les partis politiques etc. Pourquoi cet apparent refus des luttes, au sens classique ? À quoi bon quelques jardins partagés quand c’est toute l’organisation sociale qu’il faudrait revoir ? Quelle est l’efficacité politique de ces différents mouvements ? Peut-on leur conférer une unité ou sont-ils clairement distincts les uns des autres ?

Ce dossier part d’un constat : ces mouvements se développent et intéressent de plus en plus, mais ne se prêtent guère à une lecture qui serait menée dans le cadre de l’analyse politique classique, en termes de mouvements sociaux. La « transition » est un « OPNI », un objet politique non identifié, comme le suggère Luc Boltanski : « Qu’est-ce que l’auto-organisation sur le plan local ? Il n’y a rien sur des expériences de ce type. Dans les milieux écologico-libertaires beaucoup d’expérimentations se sont notamment développées [3]. Sous le chapeau général de « la transition », Mouvements explore cette unité multiforme, en aspect de « galaxie », terme souvent utilisé pour la qualifier, en référence tant au nombre qu’à la dispersion géographique et pratique de ces initiatives, qui s’intéressent ici aux jardins, là à l’énergie partagée. La transition renvoie-t-elle à la disparition des idéologies ou au réenchantement de la politique, au sens d’une référence à un grand récit, à un sens de l’Histoire ? S’agit-il d’un mouvement narcissique, se refusant au politique parce qu’incapable de se positionner ? Ignorance des clivages politiques ou souci de ne pas s’y laisser enfermer ? Ces mouvements peuvent-ils contribuer à inventer un nouvel imaginaire politique, en partant de la pratique et du concret ? Les acteurs de ce mouvement ou les expérimentations s’en rapprochant le souhaitent-ils eux-mêmes ?

Une manière de répondre à ces questions, consiste peut-être à voir dans ce mouvement protéiforme qu’est la transition quelque chose comme une « utopie concrète », terme d’ailleurs revendiqué par le Festival des utopies concrètes (FUC) qui a réuni plusieurs centaines de militants de la transition, en Île-de-France à l’automne 2012. L’utopie concrète, théorisée par Ernst Bloch, offre une première grille d’intelligibilité, certes approximative, de ce mouvement, apte à prendre en considération son caractère diversifié. Pour l’auteur du Principe espérance, l’esprit utopique est celui du rêve éveillé, qui sait déceler dans le présent les linéaments d’un avenir jeune et frais, harmonieux : « La fonction utopique arrache les affaires de la culture humaine au divan de la simple contemplation : elle découvre de la sorte, à partir des cimes réellement vaincues, la perspective non idéologiquement gauchie du contenu humain de l’espérance [4]. Autrement dit, la fonction utopique est celle qui nous révèle la plasticité du monde, quand la routine et les institutions établies nous répètent jour après jour que « rien d’autre n’est possible » (Tina – There Is No Alternative) – discours parfois porté, bien malgré elles, par les formes institutionnelles de l’engagement politique, partis politiques ou syndicats, qui semblent ainsi condamnés à l’impuissance. Elle nous laisse voir que l’espoir n’est pas vain, puisque ce qui est impossible, dans le monde actuel, peut devenir possible dès à présent. Elle est tout le contraire de « l’utopisme », qui se contente de rêver au lieu d’agir. Elle est cet écart, cet arrêt, voire parfois ce dévoilement soudain, qui nous montrent que d’autres choix sont toujours possibles, ici et maintenant. Nous ne sommes pas condamnés à être ce que les institutions nous destinent à être. En changeant certains aspects de nos vies, nous nous sentons vivants et créateurs. La conscience utopique se distingue du rêve nocturne par son exigence et sa lucidité. Cette nouvelle vie que nous nous choisissons est informée de l’état du monde réel, elle fait face, quand d’autres se contentent de se laisser fossiliser dans le (dés)ordre établi. L’utopie cherche à rendre possible l’impossible et elle sait, par expérience, qu’une telle entreprise peut aboutir. Car l’histoire a toujours procédé ainsi, par l’action de minorités actives, d’abord isolées, qui ont finalement fait basculer les majorités et changé la face du monde. L’utopie, au fond, est « une invocation d’un ordre, à venir ou à faire, contre un désordre présent [5].

L’utopiste, dans ce sens-là, va donc éviter de s’enfermer, au nom du principe d’inclusivité, dans une identité trop reconnaissable (« anticapitaliste », « écologiste » etc.). Il joue la créativité, collectivement, contre l’inertie des assemblages sociaux établis, prisonniers de leur histoire, de leur structure, de leurs cadres idéologiques. D’où la diversité d’étiquettes (transition, décroissance etc.) pour des mouvements similaires, qui ont tous en commun de ne pas pouvoir se référer à des situations facilement agrégeables à grande échelle, à la différence des grèves par exemple. L’enjeu est donc de changer les situations, en ayant conscience de ne pas pouvoir les dépasser complètement, à court terme. C’est en formant des coalitions temporaires ou durables, définies avant tout par des objectifs et des résultats concrets précis (créer un jardin partagé, une Amap, planter des arbres fruitiers, organiser des repas locavores, etc.) que les personnes parviennent à « réenchanter la vie », c’est-à-dire placer la nouveauté, la surprise, l’inédit, l’imprévu au cœur de leurs pratiques quotidiennes. Les transistionneurs agissent en direction d’une nouvelle culture, d’une nouvelle civilité, face à un ordre dominant qui engendre au contraire de plus en plus la violence et le chaos. Une telle démarche ne peut évidemment pas se satisfaire d’un militantisme trop disciplinaire, rythmé par les congrès, grèves, tracts et campagnes électorales, ce qui reviendrait de nouveau à tout attendre des institutions établies, fussent-elles « critiques ». L’enjeu est de renouveler les répertoires d’actions, car il n’est plus possible d’attendre. Le choix de l’étiquette « transition » pour nommer cette galaxie d’initiatives est donc un peu arbitraire, il n’y a pas véritablement de raison de la choisir plutôt qu’une autre, sinon une certaine actualité.

Puisque l’objet social visé a des contours multiples, nous avons voulu, dans l’organisation de ce numéro, commencer par « le terrain ». Après tout, donner la parole aux acteurs, avant d’essayer de conclure quoi que ce soit à leur sujet, peut être une bonne méthode lorsque l’on défriche un mouvement ou un courant social encore trop peu stabilisé. Quel est le contenu de la transition ? Quelles sont les marches à suivre ? Quels sont les résultats visés, d’ailleurs est-ce bien des résultats précis qui sont visés ou plutôt la diffusion de valeurs, d’attitudes, qui sont déclinables en autant d’actions aussi diverses qu’il y a de contextes (ville, campagne, nord, sud, etc.) ? Pour affronter cette diversité et pour coller au mieux aux pratiques, recueillir des témoignages nous a paru la seule manière de proposer une définition sans l’imposer, puisqu’il n’y a pas, aujourd’hui, de formulation théorique qui fasse consensus. Mettre l’accent sur la pratique, c’est de toute façon ce que font les acteurs eux-mêmes, revendiquant souvent dans leurs témoignages la nécessité du do it yourself. Le choix des expérimentations a été intuitif et largement fonction des réseaux auxquels nous avons accès, qui ne font sans doute pas le tour de toutes les expériences possibles mais offrent déjà un large éventail d’actions.

Ainsi Cyrielle Den Hartigh évoque le « faire » de lance de la transition que sont les jardins partagés. Un entretien avec Stéphanie Cabantous nous présente ensuite le mouvement des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) qui depuis plus de dix ans se développe et défend un projet économique et alimentaire à généraliser. « Agir local pour penser global » est le mot d’ordre que l’on retrouve dans les propos échangés à l’occasion d’une table ronde sur les reprises d’entreprises avec François Longérinas et Maxime Quijoux. Enfin, le texte d’Anna Bednik s’intéresse aux luttes extractives et pose la question des limites de la transition.

Un deuxième moment de notre dossier fait le pari que les expériences sont assez nombreuses, et présentent un esprit affinitaire assez affirmé, pour que le risque de la réflexion et de la synthèse soit tenté à leur sujet. Là encore, rien de définitif, seulement des tentatives, des éclairages, des « aventures d’idées ». Francis Chateauraynaud et Josquin Debaz montrent comment l’enjeu des gaz de schiste conduit les individus à se réapproprier leur avenir énergétique.

Dans une analyse plus large, Christian Jonet et Pablo Servigne, tout en reconnaissant l’originalité de la démarche des villes en transition, en montrent aussi les limites. Vincent Gerber souligne la parenté entre différents types de mouvements revendiquant des étiquettes différentes mais ayant plus ou moins le même contenu (décroissance, transition, municipalisme libertaire, etc.). Il suggère quelques hypothèses concernant la marginalisation du signifiant « socialisme », qui aurait encore convenu il y a quelques décennies. Jérôme Ferret apporte un témoignage éclairant, quant à la nature de ces mouvements, en s’intéressant aux Indignés espagnols. Et si c’étaient moins les mouvements qui manquaient d’efficacité que les lunettes des analystes, dans leur tentative pour les saisir et les conceptualiser ?

Enfin, Fabrice Flipo propose quelques ressources conceptuelles, à trouver chez Jean-Paul Sartre et Serge Moscovici. Poser des actes dans l’espace public, c’est déjà s’engager, c’est être le changement que l’on veut voir advenir dans le monde. Ce simple fait visible de tous a des effets indirects, latéraux, sur la société dans lequel il se produit.

Le rapport aux institutions établies semble plutôt de nature « transductive », pour reprendre un terme utilisé par Simondon : ce que l’on fait, dans ces démarches, n’est pas seulement pour soi mais aussi pour influencer le cours du monde, aussi loin que possible. L’action ne vise pas seulement le résultat immédiat mais indirectement toute conscience qui pourrait être frappée par sa démarche – d’où l’importance d’ailleurs de l’ouverture et l’inclusivité, nul ne saurait être exclu sur la base de ses seules appartenances institutionnelles ou politiques, bien que de toute évidence ce genre de démarche soit animée par des militants qui ne sont pas à la droite de l’échiquier politique.

Cette influence est-elle réelle ? Quelle forme prend-elle ? Est-il juste de parler « d’influence », ou bien plutôt de « filiation » ? Les collectifs sont-ils aussi ouverts qu’ils le prétendent ? N’ont-ils pas tendance à perdre de vue cet objectif et à se refermer sur le localisme ? C’est la troisième partie de ce dossier, qui s’intéresse à la « pollinisation » des politiques publiques, là encore avec le souci de laisser la parole aux acteurs.

L’expérience de l’association Virage-énergie Nord-Pas-de-Calais racontée par Gildas Le Saux nous présente une mobilisation citoyenne portant l’idée de transition énergétique qui a cherché l’influence des politiques publiques. L’article de Joseph Bourez, Lucas Durand, Pascal Mao et Nicolas Senil présente un projet de prospective collaborative en Ardèche : à travers plusieurs scénarios de développement ce sont plusieurs trajectoires du futur énergétique du territoire qui se dessinent et montrent avec humour les conséquences des différents choix. Dans son article Sylvère Angot expose les principes et le fonctionnement de deux politiques publiques « écologiques » – les Agendas 21 et les Plans climat énergie territorial (PCET) – et présente les limites de l’influence citoyenne sur des dispositifs très normés. Enfin, Lydie Laigle s’intéresse aux formes de réappropriation sociale de l’écologie en rappelant la voie de l’empowerment ou tout l’intérêt qu’ont les politiques publiques à s’appuyer sur la capacité d’agir des individus.

Ce dossier nous a permis de nous forger une double conviction : oui, ces mouvements, dont le contour exact reste flou, sont « efficaces », au sens où ils produisent des changements que les autres ne produisent pas, et cela sur des questions – alimentation, agriculture, énergie – tout aussi urgentes que des enjeux plus médiatisés comme les retraites ou le mariage pour tous. De plus, ils agissent de manière latérale et indirecte sur le pouvoir, ne demandant pas une loi ou une modification claire de la législation. Ils cherchent ainsi davantage à diffuser des pratiques et des analyses, sans s’interdire cependant le moment législatif, quand celui-ci sera jugé opportun. Mais ces deux observations ne sont pas une conclusion ; elles invitent plutôt à s’intéresser davantage à ces mouvements.

Bernard Charbonneau et le mouvement Initiatives de Transition

 

Christian Roy

 

Une lecture du Manuel de Transition de Rob Hopkins à la lumière de Bernard Charbonneau
Lancé vers 2005 dans les Îles britanniques comme une réponse applicable localement au défi global du pic pétrolier et du changement climatique, impliquant une décroissance irréversible, le réseau international des Villes et communautés en Transition retrouve et met en application nombre des principes, stratégies et tactiques élaborés tout au long de sa vie par Bernard Charbonneau en vue d’une « révolution immédiate » de nature écologique et personnaliste. Ses écrits à ce sujet sont confrontés ici au Manuel de Transition de Rob Hopkins.
Dans La Planète et le canton, essai paru en 1991 sous le titre imposé par l’éditeur de Sauver nos régions, Écologie et sociétés locales, Bernard Charbonneau écrivait : Ce qui a jusqu’ici manqué au mouvement écologique, c’est moins un but à long terme qu’un chemin pour l’atteindre; il entrevoit vers quoi se diriger, mais voit moins bien comment. S’il sait vers quoi se diriger, trop souvent son programme se réduit à un catalogue de désirs et de rêves, illustré de quelques gadgets verts. Une politique agricole pourrait lui donner ce poids de réalité qui lui manque. Un programme qui n’est pas une affiche de propagande a forcément pour fonction d’assurer la transition : le passage entre le passé et l’avenir; or la politique agricole est précisément le domaine ou il s’opère tout naturellement : la transformation immédiate des pratiques où l’agriculture biologique aurait son mot à dire y est inséparable de la révolution des structures politiques et sociales. (Charbonneau 1991, 184-5)

 

Bien qu’il évite en général le vocabulaire de la révolution, une initiative qui a su canaliser les meilleurs espoirs de transformation sociale du mouvement écologique s’inscrit de fait dans le prolongement d’une politique agricole résolument différente. Le modèle de Transition a été créé par Rob Hopkins en 2005 dans le cadre d’une formation en permaculture au Kinsale Further Education College en Irlande. Il a été mis en pratique pour la première fois l’année suivante, en 2006, à Totnes en Angleterre. Il consiste à semer hic et nunc les germes de formes sociales « résilientes », plus durables et plus humaines que celles basées sur ce « développement exponentiel » que dénonçait Charbonneau, et partant, propres à leur survivre, une fois que le pic du pétrole, conjugué aux effets du changement climatique, aura dissipé le mirage d’une « croissance indéfinie dans un monde fini » (Charbonneau 1990). Ce modèle a pour but d’aider les personnes intéressées à faciliter la transition de leur communauté en leur proposant une base sur laquelle s’appuyer pour entamer le processus.

 

Il existe aujourd’hui plus de 250 initiatives locales de Villes et communautés en Transition (voir leur site villesentransition.net) dans une quinzaine de pays et la liste s’allonge presque chaque semaine. La Transition comme mouvement constitue sans doute la plus prometteuse des « réactions des sociétés face aux défis posés par Bernard Charbonneau », répondant notamment à son souhait d’une « internationale des provinces et des villages » (Charbonneau 2009, 189), des communes et des quartiers (Charbonneau 1991, 173) contre la liquidation productiviste de la nature et de la liberté qui s’y conjoignent au mieux. Parmi les points de contact et de contraste avec la démarche de Bernard Charbonneau que je relèverai ici dans le Manuel de Transition de Rob Hopkins, dont j’ai collaboré à la traduction française, il convient d’abord de noter que la permaculture y joue un rôle de noyau doctrinal comparable à certains égards à celui du personnalisme dans les groupes du Sud-Ouest d’Amis d’Esprit où Charbonneau le premier, assisté de Jacques Ellul, formula le projet d’une écologie politique radicale comme position révolutionnaire originale, ainsi que l’ont démontré mes travaux historiques sur ce « personnalisme gascon ».(Roy 1990, 1992, 1997, 1999, 2008)

 

Mais il s’agissait d’abord dans leur cas d’une posture morale d’opposition pour ainsi dire volontariste à la société technicienne triomphante, alors que le point de départ de la Transition contemporaine est à la fois plus pragmatique et plus contingent, même s’il implique « la révolution des structures politiques et sociales » qu’appelle pour Charbonneau l’agriculture bio, ainsi que le rôle promis à l’agriculture urbaine. (Charbonneau 1991 : 194, 2009 : 208)

 

La permaculture a été conçue dans les années 1970, au moment de la première crise pétrolière, en tant qu’« agriculture permanente » délaissant la culture annuelle et la monoculture au profit de systèmes à plusieurs paliers utilisant des arbres et des plantes pérennes productifs et utiles. Sa pratique ne s’est pas longtemps limitée aux systèmes agricoles, car il devenait clair qu’une alimentation viable ne pouvait être obtenue sans une multitude d’autres éléments qui constituent une société —l’économie, le bâtiment, l’énergie et bien d’autres. (Hopkins 2010, 138)

 

Charbonneau pourrait aussi bien évoquer les grandes lignes de la permaculture quand il soutient que « L’agriculture peut résoudre les contradictions de la société industrielle ». Rétablir une agriculture, cela implique que l’essentiel du secteur agricole et forestier soit rendu à des paysans pratiquant la culture (et non l’exploitation) non épuisante des sols, en fonction des conditions locales, par l’assolement, l’amendement, le compost et le fumier, l’élevage de plein air. Le procédé mécanique ou chimique, sans être exclu par principe, ne peut être qu’un « rajoutis » dont seule l’expérience locale dira jusqu’où l’utiliser (…) sans nuire à la nature et à la qualité. Cela suppose que la priorité soit accordée au machinisme léger sur le lourd, au procédé naturel sur la chimie, à la polyculture sur la monoculture épuisante. Et que le paysan vivant sur et de sa terre, ni trop petite ni trop grande, remplace le prolétaire ou le capitaliste de l’exploitation agrochimique. (Charbonneau 1991, 181-2)

 

David Holmgren, co-inventeur du concept de permaculture, le réactualisa au début du siècle en fonction du pic pétrolier, au même moment où Hopkins eut recours à ses principes pour formuler une réponse à ce défi dès qu’il prit conscience de cette limite objective à la croissance, impliquant la fin imminente de la société industrielle mondialisée. À la différence de Charbonneau, Hopkins ne craint pas tant la consolidation totalitaire du système, dont le déploiement à grande échelle deviendra avant longtemps physiquement impossible, que l’inévitable chaos de son fatal effondrement et des soubresauts qui l’accompagneront. C’est ainsi que « les Initiatives de Transition sont fondées sur quatre prémisses de base : »

 

1) Nous ne pourrons éviter de vivre en consommant beaucoup moins d’énergie. Il vaut mieux s’y préparer que d’être pris par surprise.

 

2) Nos établissements humains et nos communautés manquent de la résilience nécessaire pour survivre aux importants chocs énergétiques qui accompagneront le pic pétrolier.

 

3 ) Nous devons agir collectivement et nous devons le faire maintenant. 

 

4) En stimulant le génie collectif de notre entourage pour concevoir en avance et avec créativité notre descente énergétique, nous pouvons construire des modes de vie plus interreliés, plus enrichissants et qui reconnaissent les limites biologiques de notre planète.

 

La Transition vers l’après-pétrole retrouve ici comme planche de salut au milieu du naufrage économique les objectifs politiques du personnalisme gascon qui, dès 1935-36, réclamait en conclusion de son Manifeste en 83 points, rédigé par Charbonneau et Ellul, « UNE CITÉ ASCÉTIQUE POUR QUE L’HOMME VIVE », dans ce qu’il faut considérer comme le premier appel à la décroissance, ou tout au moins à la limitation de la croissance au nom d’un minimum vital équilibré et holistique pour chacun, qui « soit à la fois matériel et spirituel. L’homme crève d’un désir exalté de jouissance matérielle, et pour certains de ne pas avoir cette jouissance, » (82º) si bien que le problème de la révolution se pose ici « sur le plan de la civilisation elle-même. Sur le plan des mœurs, des habitudes, des façons de penser, sur la vie courante de chacun de nous, sur son journal et son repas ». (81º)

 

Si la Transition suppose la révolution sans phrase d’une décroissance qui se produira d’elle-même par la force des choses que cela nous plaise ou non, c’est pour aussitôt ajouter qu’il ne tient qu’à nous que cette décroissance soit purement brutale ou richement conviviale : une occasion d’accomplissement à saisir au milieu des périls comme la meilleure façon de les traverser, en vue d’une vraie vie et non de la simple survie.

 

Un avenir plus pauvre en pétrole pourrait, si l’on y consacre à l’avance assez de réflexion et d’imagination, être préférable à notre présent. Un futur plus sobre en énergie et plus résilient ne signifie pas forcément de jouir d’une qualité de vie inférieure à celle du présent. Au contraire, un avenir où l’économie locale serait revitalisée posséderait bien des avantages par rapport au présent, entre autres une population plus heureuse et moins stressée, un environnement amélioré et une stabilité accrue. (Hopkins 2010, 132-3)

 

L’avenir relocalisé qu’envisage Charbonneau pour des raisons éthiques implique de même « l’association de l’industrie à l’agriculture » pour « aider les campagnes et les pays à revivre », sur la base « d’une autre technologie, plus légère, qui utiliserait l’eau sans la souiller, » à l’exemple des « moulins qui contribuent à l’agrément et à la stabilité des cours d’eau ». (Charbonneau 1991, 189)
Une telle industrie aurait l’avantage de peupler l’espace en utilisant plus de main d’œuvre; si celle-ci n’est pas exploitée, exercer ses muscles et son habileté serait-il plus pénible que de presser à longueur de journée sur un bouton ? Imaginons que l’on réintègre dans un travail personnel et diversifié la part de jeu que satisfait à grands frais l’industrie du loisir et des transports : au bout du compte on s’apercevrait peut-être qu’un travail industriel ainsi humanisé est autrement rentable et productif que la tâche totalement organisée; et l’on aurait mis fin à cette schizophrénie du travail et du loisir qui dissocie l’homme. Mais cette nouvelle industrie relèverait plutôt de l’artisanat, l’industrie lourde nécessaire, objet d’un service social, étant strictement cantonnée dans sa « zone industrielle ». Comment d’ailleurs pourrait-il y avoir une société locale sans artisans établis sur place? (Charbonneau 1991, 181-2)

 

C’est aussi à eux que s’adresse explicitement Hopkins dans la perspective d’une Transition en douceur vers l’après-pétrole : Le pic pétrolier est pour moi un appel aux maraîchers et aux pépiniéristes des chemins de campagne embrumés, aux ébénistes et aux fabricants de chaises des boisés, aux installateurs d’éoliennes individuelles sur les collines battues par les vents, afin qu’ils apportent toutes les merveilleuses compétences qu’ils ont accumulées et l’expérience qu’ils ont gagnée au cours d’années de pratique et d’observation à l’endroit même où la majorité de la population commence à réaliser que les choses ne vont pas bien. Je les implore d’apprendre de nouvelles façons de communiquer avec les gens ordinaires, dans un esprit de service, et d’essayer d’entrer en relation avec les autres à une échelle sans précédent. (Hopkins 2010, 138)

 

Cette exhortation de Hopkins constitue la réponse de son mouvement de Transition à la critique d’Eric Stewart de la permaculture dont elle tire ses fondements philosophiques, en vue de corriger le déséquilibre qu’y constate cet auteur entre « deux impulsions potentiellement opposées : l’une implique un retrait de la société et l’autre implique de travailler à la transformation de la société ». (Cité dans Hopkins 2010, 138)

 

Il est aisé de retrouver la même tension aux origines et dans le sillage du personnalisme gascon, entre, d’une part, l’exigence de rupture avec la société existante dont témoigne le modèle initial des camps de réflexion dans la nature et, d’autre part, l’insertion dans un large mouvement citoyen moins idéologique à base pragmatique tel que les comités de défense de la côte aquitaine. Le 37e des 83 points des Directives pour un manifeste personnaliste de Charbonneau et Ellul déclare sans ambages : La Révolution personnaliste se fera sous la forme d’une Société achevée à l’intérieur de la Société actuelle, ayant sa position complète hors des cadres du monde actuel. Cette société doit être une société personnaliste avant que les éléments de la société actuelle qui sont en contradiction et en lutte les uns avec les autres disparaissent. Puisque nous ne pouvons lutter directement contre eux, il faut que nous nous en passions et que nous attendions leur destruction par eux-mêmes. Le personnalisme est une société révolutionnaire qui prépare les cadres d’une société future.
Ce modèle fonctionnel d’une nouvelle société est destiné à s’imposer plus généralement en surnageant parmi le naufrage de l’ancienne, n’y ayant jusque là qu’une présence discrète, comme celle d’humbles mammifères prêts à remplir les niches écologiques laissées vacantes par l’extinction massive des dinosaures. Le discours révolutionnaire en moins, on trouve de semblables présupposés dans cette citation de David Ehrenfeld que Hopkins met en évidence en marge de son énoncé des « Six principes qui sous-tendent le modèle de Transition » : Notre tâche la plus urgente est de créer une structure fantôme économique, sociale et même technologique qui sera prête à prendre la relève quand le système actuel tombera en panne. (Cité dans Hopkins 2010, 139)

 

Si (38º) « cette société devra avoir le moins de points communs possibles avec la société actuelle » selon les personnalistes gascons, une semblable attitude est précisément ce qui pour Hopkins pose problème dans « la permaculture telle que Holmgren l’a redéfinie », soit « un mouvement qui propose le système de conception et le fondement philosophique pour une société après le pic, tout en ayant le tort, selon Stewart, de se maintenir à distance de cette société ». (Hopkins 2010, 138)

 

Cela vaudrait sans doute aussi pour le personnalisme gascon, avec son exigence d’une « forte formation doctrinale ». Or « il s’agit moins en cela de l’établissement d’une série de dogmes que de la création chez tous les membres d’une nouvelle mentalité » sur la base d’« un pragmatisme » (42º) jugeant des principes à leurs conséquences, inséparable d’une action qui « doit surtout être un style de vie » (45º), par la « création de nouvelles habitudes. Ainsi prenant l’étude de la culture du blé, il s’agira non pas d’étudier une politique mondiale du blé, mais une culture du blé dans le Béarn, ex. : une politique personnaliste du blé ».(46º) Ceci a pour but de diriger l’économie « vers d’autres fins qu’elle-même : la préservation de la terre et des libertés » ; or Charbonneau sait de quoi il parle quand il écrit encore dans Le Feu vert que « celui qui n’oublie ni les fins ni le poids des moyens ne peut qu’être accablé par l’énormité des problèmes que pose un tel virage ». (Charbonneau 2009, 122)

 

Hopkins part lui-même du constat « que parmi les principaux obstacles à l’implication se cachent les sensations d’impuissance, d’isolement et d’écrasement que les problèmes écologiques créent souvent. Ces problèmes ne placent pas les gens dans une position d’où ils peuvent agir, que ce soit en tant qu’individu ou que communauté ». (Hopkins 2010, 140)

 

Charbonneau semble avoir mis de l’eau dans son vin quand il en vint à écrire son Autocritique du mouvement écologique, car pour lui comme pour Hopkins, même sans l’horizon du pic pétrolier, « bien que l’urgence soit criante, un tel demi-tour ne pourra se faire que très progressivement après maints conflits et compromis avec les grands intérêts et les habitudes du public (ne pensons qu’à l’auto), les mythologies, entre autres les passions idéologiques et nationalistes. Pour s’attaquer les yeux ouverts à un tel adversaire, l’espoir est une aide bien maigre, il faut la foi dans le sens et la nécessité de l’entreprise ». (Charbonneau 2009, 205)

 

Pour Hopkins en revanche, l’approche de Transition est « motivée par l’espoir, l’optimisme et l’action préventive » (Hopkins 2010, 133), ayant volontiers recours à des idées venues de la psychologie pour « exploiter la puissance d’une vision positive » (Chapitre 7) tout en appliquant au pétrole des « acquis dans le domaine du traitement des dépendances » pour « aider le mouvement écologiste à comprendre le processus de changement » (Hopkins 2010, 92).

 

C’est un peu la réponse de la Transition à la question angoissée de Charbonneau : comment faire accepter le demi-tour de la décroissance « sans faire sauter une machine organisée en fonction de tout autre principe? On n’aura sans doute jamais assez de fermeté sur les fins et d’empirisme sur les moyens » (Charbonneau 2009, 122) pour « freiner une économie en chute libre sans faire exploser le moteur ou rentrer dans le décor », tout en s’efforçant de « réintégrer sans drame dans l’écosystème terrestre des monstres soi-disant urbains de plus de dix millions d’habitants ». (Charbonneau 2009, 205)

 

Les méthodes psychologiques de Transition semblent faire leurs preuves pour éviter la panique et le défaitisme et inspirer le courage et la patience d’entreprendre cette manœuvre délicate d’une portée gigantesque par petits pas constructifs. Mais si elles rejoignent l’accent mis par Charbonneau sur les obstacles que rencontre le changement en chaque sujet personnel, c’est sans l’acuité existentielle avec laquelle le moraliste français met en lumière ces débats intérieurs, ni surtout les mettre en rapport explicite avec les conditionnements extérieurs que déploie pour les dévier

 

La société médiatisée, telle qu’analysée dans un ouvrage inédit de 1987 qui développe certains aperçus du Feu vert. (voir Roy 2010) La « liste des outils du Manuel de Transition comprend ainsi un guide pour « écrire un bon communiqué de presse » (no 8), selon les règles des médias permettant d’y faire passer l’information qu’on cherche à faire circuler. Il importe certes de les connaître afin de s’en servir en connaissance de cause, mais cette approche instrumentale néglige leur ambivalence fondamentale, comme s’ils étaient par nature neutres, et non des rouages vitaux du système plus vaste qu’on cherche à circonvenir. N’empêche, la Transition a aussi tout le temps d’apprendre :
Cela ne se fera pas en un jour comme ces révolutions qui, prétendant tout changer en un tour de main, sont sans lendemain. Qu’importe que celle-ci dure cent ans ou mille ans si elle rend le temps à la terre, c’est sa direction qui compte. Faire baisser le taux de croissance pour rétablir l’équilibre, comme l’écrit C. Amery, cela peut commencer dès à présent dans le cabinet de l’industriel, du savant ou du penseur révolutionnaire, au garage, à la table et au jardin du Français moyen, dans le champ de la communauté ou à la réunion locale du syndicat. La route infinie commence à nos pieds. (Charbonneau 2009, 205)

 

La Transition se présente bien comme le genre de « Révolution immédiate » que s’est voulu le personnalisme gascon, commençant dès maintenant dans le lieu et le milieu où l’on vit : une « utopie-topique », comme Charbonneau désignait l’écologie au chapitre 11 du Feu vert. En même temps, ajoutait-il, Un changement social aussi fondamental n’est pas un happening ni même une fête destinée à purger la société des pulsions qui la menacent, c’est une entreprise énorme et de longue haleine qui demande au moins autant d’objectivité et de raison que la gestion de la Régie Renault. (Charbonneau 2009, 170)

 

Non que la fête n’ait son rôle social intégré dans les deux modèles. Depuis sa critique des congrès personnalistes du mouvement Esprit dans les années 1930 qui l’amena à s’en détacher pour privilégier la formule des camps de réflexion en pleine nature, Charbonneau a toujours insisté sur l’importance de « créer des formes de réunion, de communication et de manifestation proprement écologiques. La révolte de Mai fournit quelques exemples, bien que trop spectaculaires, de cet effort d’imagination (presse parallèle, radios clandestines, style de certaines manifs) ». (Charbonneau 2009, 186) Le mouvement de Transition n’hésite pas quant à lui à emprunter par exemple au management la « technologie » brevetée du Forum ouvert (Open Space), à côté de mises en situation d’inspiration psychologique.

 

Le modèle de Transition utilise ces idées pour, premièrement créer une vision positive, deuxièmement créer des espaces où les gens peuvent, en toute sécurité, parler, assimiler et ressentir comment ces questions les affectent et troisièmement valider les démarches et les actions que les gens ont entreprises tout en intégrant au processus autant d’occasions de fêter les réussites que possible. Ces rassemblements, où se développe le sentiment de ne pas être la seule personne au monde consciente du pic pétrolier et du changement climatique ni la seule à en être effrayée, sont très puissants. Ils permettent aux gens de sentir qu’ils participent à un effort collectif, qu’ils font partie de quelque chose de plus grand qu’eux. (Hopkins 2010, 140)

 

Charbonneau prévoyait le même genre de rôle pour les « rites, fêtes ou cérémonies qui symboliseraient l’association » (Charbonneau 2009, 188) écologique dans son projet d’« ordre écologique », déjà esquissé en détail avant-guerre dans un cadre personnaliste, où celle-ci « deviendrait le prototype de la société respectueuse de la nature et de la liberté à venir. Mais ce ne serait pas une société idéale, seulement bien réelle, qui tiendrait compte des possibilités de la situation et de ses membres. »

 

Comme le réseau de Transition pourrait bien être en passe de le faire au sein de la mouvance écologique, « vis-à-vis du parti écologique elle remplirait la fonction d’une autorité face au pouvoir à la manière d’une Église face à l’État, bien que ces deux termes méritent quelque réserve ». (Charbonneau 2009, 187)

 

La formation des initiateurs de Transition est certes rigoureuse et prescrit un certain nombre d’étapes pour l’accréditation et le développement des groupes, répondant jusqu’à un certain point à l’idée chère à Charbonneau d’un « ordre écologique » comme institution, véritable cléricature du mouvement en vue d’un nouvel ordre social. La Transition se méfie cependant de l’institutionnalisation du rôle des fondateurs au sein d’une initiative locale et prévoit de le limiter dans le temps. La première des 12 étapes de Transition consiste ainsi à « Constituer un groupe initiateur et planifier dès le départ sa dissolution. » (Hopkins 2010, 146)

 

En revanche, pour ce qui est de l’étendue dans l’espace, « il n’y a pas de formule magique concernant l’échelle, » car pour Hopkins, « le niveau idéal pour une Initiative de Transition est celui que vous sentez pouvoir influencer ». Il est donc déconseillé de commencer par l’échelle régionale ou nationale. « Certes, il pourrait arriver à une étape ultérieure que l’éventail de groupes d’une zone géographique donnée ressentent le besoin de se réseauter pour améliorer leur efficacité, mais il faut que ce réseau émerge d’une base de communautés de Transition intenses, plutôt que d’être créé à l’avance (…). » (Hopkins 2010, 143)

 

Charbonneau n’en disconviendrait pas, prévoyant même une limite « spatiale » de nombre —plutôt que « temporelle » de mandat— à la constitution des groupes. Il garde néanmoins toujours à l’esprit que, tant pour la société écologique que pour l’association qui la préfigure, l’« organisation naturelle est la fédération, » dont l’horizon est global en vertu même de son enracinement local.
C’est-à-dire une base de cellules enracinées dans leur lieu : comités de village ou de pays, clubs de bourgade ou de quartier. La nécessité de leur maintenir une taille humaine (…) force à envisager un numerus clausus au-delà duquel un autre groupe devrait se fonder. Ces sociétés locales seraient réunies comme d’autres à l’échelon régional, national et international, où les responsables locaux auraient l’occasion d’élargir leur horizon, de se connaître, de confronter leur expérience et de coordonner leur action. (Charbonneau 2009, 189)

 

C’est un peu ce qui se passe au niveau international du réseau de Transition et de ses subdivisions, telle que sa branche francophone en formation, où l’on peut imaginer avec Charbonneau qu’« un Suisse ou un Belge mettra à juste titre l’accent sur les dégâts commis par l’entreprise privée et le gouvernement provincial, alors qu’un Français insistera sur les méfaits de l’État central et de l’Aménagement du territoire. Ainsi les uns et les autres pourraient-ils s’enseigner mutuellement en montrant comment le capitalisme privé et l’État se combinent et se combineront de plus en plus ». (Charbonneau 2009, 189)

 

Ce serait là l’occasion d’une prise de conscience de ce qui les unit par-delà leurs horizons culturels et idéologiques parfois divergents dans un projet commun inclassable, si ce n’est en tant que foncièrement personnaliste.

 

Au contraire d’une économie politique qui socialise l’individu et étatise la société, l’écologie politique personnalise la société et socialise l’État, car elle n’est pas capitaliste ou socialiste, elle est ailleurs. Mais elle n’échappera pas plus à certaines nécessités économiques qu’à un minimum de direction de l’économie par l’État. Seulement, ce ne sera pas le même. Et comme elle portera sur le développement de la science et de la technique qui détermine celui de l’économie, cette direction en sera une. Cette intervention de l’État, prudente et méfiante, parce que cette fois vraiment pratiquée aux fins de son dépérissement, sera particulièrement nécessaire durant la période de transition : comme les arbres, les sociétés et les hommes ont besoin d’un tuteur en attendant de repousser. (Charbonneau 2009, 204)

 

En dépit du modèle d’anarchie privilégié par l’auteur du réquisitoire de L’État, Bernard Charbonneau envisageait sereinement le rôle qu’un gouvernement central serait appelé à jouer dans un processus de transition vers l’après-développement. Peut-être aurait-il pu en venir à admettre l’engagement constructif avec les pouvoirs en place que préconise le modèle de Transition, en commençant par l’échelon local, sans désespérer pour autant du niveau national, une fois le processus bien lancé et que l’impossibilité de gérer le désordre établi comme si de rien n’était sera devenu patente sous l’effet des crises imminentes. Pour Hopkins, la puissance du processus de Transition réside dans sa capacité à créer une véritable dynamique dirigée par les communautés qui se relie ensuite à la politique locale, mais à ses conditions. (…)

 

Il est important que les Initiatives de Transition opèrent indépendamment des élus locaux, du moins au début. Par définition, une Initiative de Transition ne peut pas être conçue et dirigée par le conseil municipal, mais est un projet où le soutien actif et enthousiaste de l’administration locale vaut son pesant d’or. (Hopkins 2010, 142)

 

C’est ce qu’on pourra voir par exemple dès le deuxième weekend de formation officielle pour initiateurs de Transition au Québec les 14 et 15 mai prochains dans la petite ville industrielle de Drummondville, où le député local à l’Assemblée nationale, Yves-François Blanchet, sera non seulement présentateur, mais contribuera aux frais d’inscriptions de ses concitoyens. Un tel empressement semble même brûler les étapes prescrites par Hopkins, pour qui, « au lieu de se perdre dès le début dans le dédale de la rédaction et de la mise en application des politiques à l’échelle locale, les premiers pas décisifs sont plutôt d’amener la communauté à une prise de conscience et de bâtir une énergie collective autour du projet ». Ce n’est qu’ensuite en principe que « l’administration locale voudra faire partie du processus parce qu’elle constatera que c’est là où l’énergie et des façons de voir innovantes se déploient ». (Hopkins 2010, 143)

 

Mais aussi parce que c’est là que des raisons communes rassembleuses se dessinent comme base d’un nouvel art de vivre ensemble à long terme ; ce n’est qu’ainsi qu’un mouvement en vient à faire société, captant insensiblement l’autorité de définir et mettre en œuvre les orientations de la cité. C’est pour cela que Rob Hopkins voit dans l’inclusivité le second des « six principes qui sous-tendent le modèle de Transition », le premier étant « une vision claire et attrayante du résultat souhaité ». (Hopkins 2010, 139)

 

Ainsi, pour citer le reportage d’un journal local de Drummondville, « le Réseau de villes et villages en transition favorise l’émergence de groupes dans les communautés du monde, afin que des citoyens issus de tous les secteurs (affaires, communautaire, environnemental, transport, commercial, élus, santé et tourisme) trouvent ensemble des solutions pour construire des sociétés écologiques et résilientes ». (Tremblay 2011)

 

Nous ne pouvons relever d’aussi vastes défis que ceux du pic pétrolier et du changement climatique en choisissant de rester dans nos zones de confort : les « verts », ne parlant qu’à d’autres « verts », les gens d’affaires à d’autres gens d’affaires, et ainsi de suite. L’approche de Transition cherche à favoriser un niveau de dialogue et d’intégration rarement atteint auparavant et elle a commencé à mettre au point des méthodes innovantes pour y arriver. (Hopkins 2010, 139)

 

Il se peut donc bien qu’à la faveur du moment révolutionnaire objectif que nous ménage le pic pétrolier, dont Charbonneau chercha en vain l’équivalent éthique aux beaux jours du développement exponentiel, la Transition soit en passe de réaliser sans tambours ni trompettes la révolution immédiate qui donnait sens à sa vie. Mais si elle doit passer par l’inclusivité, elle ne saurait faire l’économie d’une prise de conscience des principes apparemment opposés qu’il lui revient de concilier non seulement dans le ciel des idées, mais sur le plan des mentalités, dans le secret des personnalités. C’est l’un des grands mérites de Bernard Charbonneau que d’y avoir insisté dans son Autocritique du mouvement écologique, soulignant qu’il lui faut s’assumer comme « révolution conservatrice » ou « conservatisme révolutionnaire » (Charbonneau 2009, 170), à ne pas confondre avec le « progressisme réactionnaire » ou « réaction progressiste » qui, fût-ce en les exacerbant, « cumule et confond le mensonge de droite et celui de gauche » en vertu d’un « nihilisme de l’agir pour agir ». Pourtant, soutient-il, « si l’on retourne à leur origine, les valeurs de droite et de gauche, loin d’être opposées, sont complémentaires. C’est la reconnaissance des exigences de la nature et de la société, l’enseignement du passé qui fait de l’idéal de liberté et d’égalité autre chose qu’un rêve. Ce dépassement et ce ressourcement de valeurs jusque là opposées, l’écologie les a entrepris en mettant l’accent sur la nature contre le ‘progrès’ ». (Charbonneau 2009, 192-3)

 

L’écologisme est donc « à la fois révolutionnaire parce qu’il réclame un changement de sens radical de la société, et conservateur », puisque « sur le terrain le mouvement écologique défend ce qui est : ces arbres, ces villages, cette culture. » « Il ne doit pas avoir honte d’être conservateur, loin de là, il doit arracher ce terme à une droite qui ne conserve plus rien du trésor accumulé par la terre et les hommes ». (Charbonneau 2009, 167-8) Seulement, « parce que le principe du désordre établi est aujourd’hui le pillage de l’existant, sa défense est révolutionnaire ». (Charbonneau 2009, 195)

 

Malgré sa discrétion et son accent pragmatique, on ne saurait donc dénier ce caractère révolutionnaire au modèle de Transition, qui a su trouver le juste milieu entre utopisme évasionniste et pseudoréalisme politicien sur la voie duquel Charbonneau chercha à guider le mouvement écologique, en mettant en pratique cette citation de Joel Barker en exergue du tout premier Plan de descente énergétique de Kinsale : Une vision sans action n’est qu’un rêve; de l’action sans vision ne fait que passer le temps; la vision conjuguée à l’action peut changer le monde. (Hopkins 2010, 129)

 

Références bibliographiques

 

Article de revue

CHARBONNEAU, B.; ELLUL, J. (1999), « Directives pour un manifeste personnaliste », Revue française d’histoire des idées politiques, n° 9.

ROY, C. (1992) « Aux sources de l’écologie politique : le personnalisme ‘gascon’ de Bernard Charbonneau et Jacques Ellul », Annales canadiennes d’histoire, XXVII, avril, pp. 67-100. Trad. italienne: Trasgressioni. Rivista quadrimestrale di cultura politica, n° 33, hiver 2002, pp. 77-109.

ROY, C. (1999) « Ecological Personalism: The Bordeaux School of Bernard Charbonneau and Jacques Ellul », Ethical Perspectives, vol. VI, n° 1, avril, pp. 33-44, résumé comme le document n° 698481 du vol. 36 de The Philosopher’s Index (2003).

 

Ouvrages

CHARBONNEAU, B. (1980, 2009) Le Feu vert. Autocritique du mouvement écologique. Préface de Daniel Cérézuelle. Paris : Karthala, Lyon: Parangon/Vs, collection «L’Après-développement» dirigée par Serge Latouche, 224 p.

CHARBONNEAU, B. (1987) L’État. Paris : Economica, 450 p.

CHARBONNEAU, B. (1973, 1990) Le système et le chaos. Critique du développement exponentiel. Paris: Anthropos; Economica, 290 p.

CHARBONNEAU, B. (1991) Sauver nos régions. Écologie et sociétés locales. Préface de Pierre Samuel. Paris : Sang de la terre, collection «Les Dossiers de l’écologie», 200 p.

HOPKINS, R. (2010) Manuel de Transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale. Traduction de HOPKINS, R. (2008). The Transition Handbook. Totnes, Devon : Green Books. Préface de Serge Mongeau. Coordination de l’édition en français par Michel Durand. Montréal: Écosociété, collection «Guides pratiques», 216 p.

Chapitres  d’ouvrages

ROY, C. (1997) « Entre pensée et nature : le personnalisme gascon », in PRADES, J. (dir.), Bernard Charbonneau. Une vie entière à dénoncer la grande imposture, Ramonville Saint-Agne : Érès, pp. 35-49.

ROY, C. (2008) «Charbonneau, Bernard», in PAVAN, A. (dir.) Enciclopedia della persona nel Xx secolo. Naples: Edizioni Scientifiche Italiane.

 

Publications électroniques

ROY, C. (1990) Nature et Liberté: le combat solitaire de Bernard Charbonneau, Vice Versa, n° 30, pp. 12-14. [En ligne] URL : http://www.viceversamag.com/viceversa-1983-97.

ROY, C. (2010) Société médiatisée et Transition écologique: L’information-publicité-propagande selon Bernard Charbonneau, Global Media Journal, vol. 3, n° 2, pp. 91-98. [En ligne] URL : http://www.gmj.uottawa.ca/1002/v3i2_roy_e.html.

TREMBLAY, L. (2011) Une formation de calibre international s’organise en lien avec la consommation de pétrole, L’Express, [En ligne] URL :

http://www.journalexpress.ca/Societe/Environnement/2011-04-04/article-2399563/Une-formation-de-calibre-internationale-sorganise-en-lien-avec-la-consommation-de-petrole/1.

Sur les villes en transition

Sur les villes en transition

Posted on Jeudi 21 février 2013 by Jean Zin

 

Les « villes en transition » sont incontestablement des initiatives positives et nécessaires qu’il faut encourager comme tout ce qui va dans le sens d’une relocalisation de l’économie et de ce qu’ils appellent les capacités de résilience locale (diversité, modularité, proximité). On pourrait cependant préférer un projet plus global de villes vertes car il y a deux points, qui sont au centre de cette démarche, sur lesquels on peut avoir un regard plus critique. D’abord la focalisation sur une fin du pétrole qui est loin d’être avérée encore, ensuite la dépolitisation d’une démarche qui gagnerait à prendre une dimension véritablement municipale.

Nous vivons à l’évidence une transition, notamment énergétique, mais la question n’est pas si tranchée que le présentent certains avec force graphiques prolongeant les courbes. Des gens très sérieux et compétents nous démontrent que la fin est proche, ce qui semble on ne peut plus raisonnable. Sauf qu’on nous le prédit depuis longtemps et que cela ne se vérifie pas encore dans les faits. Il faut rappeler les proclamations apocalyptiques d’un député vert qui prétendait que les jeux olympiques de Londres n’auraient pas lieu par manque de pétrole !

Ce n’est pas que les pétroliers, qui sont pourtant aux premières loges, ne contredisaient systématiquement ces prédictions réajustées sans cesse mais on ne tient pas compte de leurs avis considérés comme forcément trompeurs alors qu’ils se sont révélés bien plus fiables que les prévisions catastrophistes. Il est vrai que les incertitudes restent immenses mais ce n’est pas une raison pour privilégier un point de vue trop unilatéral. On va sur les sites consacrés à la fin du pétrole uniquement pour confirmer ses opinions et on n’y trouvera pas les informations qui vont en sens inverse (ce sont des filtres déformants, ainsi on parlera de la baisse de production des majors pour masquer l’augmentation de la production globale).

Il y a pourtant des certitudes physiques nous assurant qu’on ne manque certes pas d’énergie et qu’on n’est même pas près de manquer d’hydrocarbures, qu’il y a encore des quantités colossales de méthane dans les sols et sous les mers (clathrate ou hydrate de méthane), de même que du pétrole sous des formes certes impures mais en abondance et jusqu’au Pôle Nord qui se libère des glaces. Même si on peut toujours en faire un phénomène transitoire, voire une bulle qui devrait bientôt éclater, la baisse importante du prix du gaz de schiste est un signe tangible que, pour l’instant en tout cas, on ne manque pas de pétrole ni de gaz ni de charbon mais qu’on a au contraire bien trop d’énergies fossiles au regard des risques climatiques !

Ce n’est pas parce que physiquement on ne manque pas d’énergie qu’on aurait en quoi que ce soit la garantie que la production s’adapte sans heurts au développement des pays les plus peuplés qui vont considérablement peser sur les ressources. Il peut y avoir des crises graves, des pénuries, un emballement des prix mais, d’une part cela ne peut aller trop loin car dès que l’économie entre en récession, les prix se réorientent à la baisse, et surtout, il y a clairement encore de quoi nous faire griller sur place. Il faut envisager sérieusement l’hypothèse que la consommation d’hydrocarbures continue à augmenter. Les masses en jeu sont considérables, ce qui ne va pas sans une grande inertie, mais la limitation n’est pas tant physique qu’économique et il ne faut pas s’attendre à ce que le réchauffement climatique s’arrête tout seul par manque de carburant.

Bien sûr l’épuisement des ressources non renouvelables est inévitable un jour ou l’autre mais ce n’est pas l’énergie qui peut nous manquer, inondés abondamment par le soleil nous donnant plus qu’on ne peut consommer (et le photovoltaïque est en progrès constant comme les autres énergies renouvelables qui deviennent de plus en plus compétitives). Or, ce qui caractérise l’énergie, c’est de pouvoir changer de forme indifféremment (pile chimique alimentant un mouvement mécanique), peu importe sa source, ce qui différencie nettement les questions énergétiques des questions écologiques impliquant une diversité infinie et des ressources véritablement limitées cette fois. Malgré la popularité du courant de l’écologie énergétique, il faut rétablir qu’avec l’écologie on n’est plus dans l’énergie et le quantitatif mais dans l’information, le complexe, le vivant, le qualitatif.

Finalement, on peut se dire que peu importe la raison puisqu’on est de toutes façons dans une transition énergétique et qu’une nouvelle crise du pétrole reste possible voire probable, seul importe le résultat. Sauf que, si la production de pétrole continue à progresser et que son prix n’augmente pas trop, ce qui n’a rien d’impossible, il faudrait donc tout arrêter ? C’est là qu’on voit la faiblesse de cette simplification alors que la nécessité de la relocalisation de l’économie ne vient pas seulement du manque de pétrole, ni même du réchauffement climatique, mais plutôt d’une globalisation marchande qu’elle doit équilibrer.

Après la théorie sous-jacente, c’est la pratique qu’on peut critiquer ou du moins compléter car les deux stratégies ne s’excluent nullement (il n’est pas question de faire la guerre à des initiatives très positives). Quand on veut transformer une ville, il y a un avantage certain à une approche plus politique au niveau municipal, pouvant défendre un projet cohérent engageant toute la population dans ses différences plutôt que des petits groupes homogènes ou des systèmes communautaristes. Faire des monnaies et des coopératives municipales permet de les gérer dans le cadre de la démocratie locale et de passer à la vitesse supérieure. La politisation ne signifie pas forcément dresser les uns contre les autres mais la question du partage reste très politique entre charge fiscale et bénéfice social comme entre contrainte et liberté. C’est incontestablement beaucoup plus difficile voire utopique, il n’est donc pas une mauvaise idée de contourner le politique dans un premier temps pour agir sans tarder mais cela n’empêche pas qu’accéder au projet municipal devrait rester l’objectif final. Au lieu de dissoudre le politique dans le local livré à l’initiative privée, il faudrait essayer de récupérer au niveau local le pouvoir politique perdu aux niveaux supérieurs (pouvoir économique et monétaire).

En fait, ce qui est le ressort du succès (relatif) du mouvement des villes en transition, c’est la simplicité du message et la focalisation sur un seul élément (l’énergie), mais c’est aussi ce qui fait son insuffisance. On ne peut en effet éviter de se situer dans son environnement pour se projeter dans l’avenir, on ne peut se passer, quoiqu’on dise, d’un point de vue plus global incluant l’économie numérique et les transformations du travail, avec la nécessité de sortir du productivisme et de la société de consommation. Cela complique pas mal les choses sans aucun doute et rend plus difficile de s’accorder sur le possible et le nécessaire.

Ainsi, je crois, pour ma part, qu’on a besoin non seulement d’une reconversion énergétique devenue prioritaire mais aussi d’un ensemble de dispositifs « faisant système » (production, distribution, circulation) pour construire une alternative locale viable face à la globalisation marchande et au système de production capitaliste/salarial. C’est à quoi est supposé répondre le triptyque : coopératives municipales, revenu garanti, monnaie locale mais l’important, c’est la cohérence d’ensemble assurant la pérennisation du système.

Cependant, en attendant qu’on arrive à s’entendre sur ces sujets controversés et qu’on puisse avoir une petite chance de gagner une mairie, la stratégie des villes en transition est sûrement la meilleure. Il faut la prendre comme une stratégie temporaire, de court terme, voire d’urgence mais qu’on peut vouloir inscrire dans une vision à plus long terme même si elle n’est pas tout-à-fait conforme au dogme officiel.

17/09 – Appel à volontaires pour chantier participatif maraîchage agroécologique

Bonjour à tous !

 

Appel à volontaires pour chantier participatif maraîchage agroécologique
le 17 septembre

J’ai démarré ce printemps mon activité de maraîchère bio sur un site joli et sauvage
à Flaujagues : Le Fougueyra, bordant la rivière Dordogne. Je cultive une grande diversité
de légumes sur une petite surface, sans outils motorisés. J’implante mes légumes sur
des « planches plates », permanentes, pour minimiser le travail du sol.
Me voilà face à de nombreux semis et plantations pour préparer l’automne-hiver.
C’est pourquoi je fais appel à vos bras et votre bonne humeur, pour préparer de nouvelles
planches de culture et planter choux, salades, poireaux…

C’est quand ?
Le samedi 17 septembre, toute la journée mais vous pouvez participer par demi-journée
Où ?
A Flaujagues (33 350), Le Fougueyra, à 8 km à l’Est de Castillon la Bataille
(1 heure de Bordeaux).
Ca s’organise comment ?
Vous me rejoignez sur place, avec vos bottes, gants de travail, chapeau, crème solaire et votre gourde d’eau. Je m’occupe des boissons chaudes, des goûters et du pic nic.

On s’inscrit comment ?
Sur Framadate, avec le lien ci-dessous.
Si je ne vous connais pas encore, faites un petit coucou par mail pour que j’aie vos coordonnées.

Au plaisir,
Marion 06 88 81 94 82

 

Sondage – Chantier participatif pour aider une maraîchère bio en installation – Framadate

AUTRES INFOS 

 

1) Mon fournisseur de plants, un jeune qui se lance dans le plant bio de légumes pour professionnels, a besoin d’un coup de pouce via sa collecte sur la plateforme Miimosa.
Je soutiens ce projet. Comme moi, participez au développement de cette entreprise qui est dans un esprit d’agriculture paysanne et qui compte beaucoup pour la filière légumes bio en Gironde.
image
Cedric LABARRIERE sollicite votre soutien pour le financ…

MiiMOSA – Cedric LABARRIERE sollicite votre soutien pour le financement du projet De l’eau pour des graines : Ma production de plants maraîchers bio a besoin d’u…
Aperçu par Yahoo
2) ET ENFIN…. déménageant sur Flaujagues pour me rapprocher de mes jardins et comme mon entreprise ne m’enrichit pas encore beaucoup (enfin, si !!! mais pas sur le plan pécunier) je cherche à récupérer de l’équipement électro ménager : un petit frigo, un grand frigo, une gazinière, une machine à laver. Ainsi que des étagères et un canapé convertible. Merci de m’indiquer si vous avez des plans.
Encore mille merci d’avoir lu ce message et de le transférer
Au plaisir,
Marion

CHANTIER PARTICIPATIF – Terre-paille

Chantier Participatif Terre-Paille pour construire une miellerie

 

 

(août 2016, La Réole, 33190)

Projet : Suite à installation en apiculture bio, construction d’un appentis de 17m², accolé à un bâtiment existant (séchoir à tabac remonté), destiné à devenir ma future miellerie.

♦ Ossature bois, remplissage bottes de paille (CST), projection de la barbotine.

Recherche bénévoles désireux d’apprendre cette technique du 1er au 19 août. Inscription minimum 3 jours (une semaine serait le mieux).

Offre : Formation à la construction paille (déjà un chantier à notre actif : auto-construction d’une petite maison terre-paille sur le même terrain), repas bio avec légumes du jardin, hébergement en tente.

♦ Possibilité initiation à l’apiculture.

♦ Nous pouvons venir vous chercher à la gare de La Réole.

Contact : marie.nadau@openmailbox.org / 06 87 04 16 32

APPEL À BÉNÉVOLES ALTERNATIBA BASSIN D’ARCACHON

Capture

Ensemble, changeons le système, pas le climat I

Nous devons rassembler un grand nombre de bénévoles pour organiser au mieux la prochaine édition d’ALTERNATIBA, le village des alternatives qui aura lieu :

samedi 24 septembre 2016 à Andernos.

Toute aide est bienvenue avant, pendant et après l’événement. Les postes et les compétences nécessaires sont multiples et variés : le service, la cuisine, l’animation, l’informatique, l’installation ou le démontage, la décoration, l’équipe volante, la brigade verte, la sécurité, etc.

C’est pourquoi nous lançons cet appel dès aujourd’hui : merci de nous aider à faire de cette journée une réussite en vous y inscrivant comme bénévole.

Merci d’en parler autour de vous, à vos amis, aux personnes que vous savez sensibilisées par l’avenir de la planète, par la construction d’une société plus juste, durable et souhaitable.

Merci de vous inscrire dès maintenant

Contacts : Stéphane ou Dominique : 05 56 03 75 58

@ : benevoles@alternatibassin.org

 


Bassin d’Arcachon en Transition – 1 rue des Vergnes – 33510 Andernos-les- Bains

tél. : 05 56 03 75 58 – @ : bonjour@nordbassin-transition.org

Un coup de pouce à Frédérique Pelloux et ses tisanes

Fleurs des champs est une petite ferme d’un peu plus de 8 hectares située à 70km au sud de Bordeaux, dans la commune de Saint-Côme. Cette ferme bio est gérée par Frédérique Pelloux depuis 2011, elle y cultive des plantesaromatiques et médicinales, des fleurs, des arbres fruitiers, des légumes et abrite quelques ruches. Ses productions (tisanes, bouquets, légumes) sont vendues directement sur des marchés locaux (Créon, Gradignan, Cestas).

Dans les champs de Fred, agriculture rime avec nature et toutes les productions sont menées dans une logique depréservation de la biodiversité et des sols. Vous pourrez vous familiariser avec cette petite ferme en regardant la vidéo ci-dessous, réalisée dans le cadre d’un concours vidéo de la FAO sur les techniques de conservation des sols.

La ferme de Frédérique fait partie des microfermes, à savoir des exploitations agricoles de faible surface qui ont du mal à faire reconnaître leur statut agricole.

: https://www.miimosa.com/un-coup-de-pouce-pour-frederique-pelloux-et-ses-tisanes

Merci de le faire partager !

chantier participatif terre crue à La Réole

Du 30 mai au 31 août

Bonjour à toutes et à tous,

C’est avec un certain plaisir que je vous annonce la 3ème saison du chantier participatif avec au programme cette année:

– réalisation de la dalle de terre crue

– corps d’enduit pour  les murs intérieurs et extérieurs

Donc pour les amateurs de bain et masque d’argile, c’est le bon lieu.

Nous avons également avancé sur l’aménagement du jardin et sur l’autonomie énergétique. Grâce à notre co-habitant Thomas et quelques participants, nous nous sommes remis en jambe en réalisant l’enduit de corps de la Salle de bain. Le travail de la terre toujours aussi agréable et méditatif.

Nous rêvons déjà aux enduits de finition et à la richesse des opportunités que la terre nous offre, mais patience c’est pour 2017;-))

En attendant, nous vous accueillons à partir du .30 mai jusque fin aout pour venir participer à cette nouvelle aventure

Pour plus de détails sur le lieu et ses étapes toujours la même adresse : fermepaille.blogspot.fr

Nous vous embrassons et à bientôt

Lisa, Côme, Phil et Amélie

Chantier participatif – Flaujagues – Production bio

Bonjour à tous !


Nous, Laure et Marion, avons démarré notre activité en agriculture bio sur un site joli et sauvage à Flaujagues : Le Fougueyra, bordant la rivière Dordogne. Une agriculture écologique, sur petite surface, sans outils motorisés et sur buttes permanentes, pour minimiser le travail du sol. Fruits rouges et courges pour Laure ; légumes diversifiés pour Marion, destinés à la vente en paniers.

Il nous reste encore beaucoup à faire pour l'installation et nous avons pris du retard à cause d'aléas avec le réseau et la pompe d'irrigation.
C'est pourquoi nous faisons appel à vous pour un coup de main afin de donner une petite touche d'accélérateur dans l'avancée de nos travaux : installation des tuyaux d'irrigation, desherbage, construction de buttes, plantations...

Cela se déroule sur tout un WE, dans le but aussi de se rencontrer, d'échanger et de vous faire profiter de l'ambiance très "Nature" de ce bel endroit.

C'est quand ?
Le samedi 2 et/ou dimanche 3 juillet

Où ?
A Flaujagues (33 350), Le Fougueyra, à 8 km à l'Est de Castillon la Bataille (1 heure de Bordeaux).

Ca s'organise comment ?
Le samedi ça sera avec Laure pour travailler dans ses fraises, petits fruits et courges.
Le dimanche on s'occupera des légumes de Marion.
Vous nous rejoignez sur place, avec vos bottes ou chaussures de randonnées suivant le temps et des gants de travail.
Merci d'apporter un plat ou un truc à partager ainsi que vos couverts ; nous ferons un pique nique sous forme d'"auberge espagnole". Vous vous inscrivez pour le matin, l'après midi, ou les deux.
On s’inscrit comment ?

Sur Framadate, avec les liens ci-dessous (1 lien pour le samedi et un autre pour le dimanche car c’est pas la même organisatrice)
Si on ne vous connait pas encore, faites un petit coucou par mail pour avoir vos coordonnées.
Lien pour s’inscrire le samedi (contacter Laure : 06 58 42 64 34 ou lauremure@yahoo.fr)
Sondage – Chantier participatif Flaujagues Samedi 02 juillet – Framadate

Pour participer ce sondage, veuillez entrer votre nom, choisir toutes les valeurs qui vous conviennent et valider votre choix avec le bouton en bout de ligne.
Aperçu par Yahoo
Lien pour s’inscrire le dimanche (contacter Marion au 06 88 81 94 82 ou marionstannard@yahoo.fr
Sondage – Chantier collectif du dimanche 3 juillet – Framadate

Pour participer ce sondage, veuillez entrer votre nom, choisir toutes les valeurs qui vous conviennent et valider votre choix avec le bouton en bout de ligne.
Aperçu par Yahoo

Au plaisir,


Laure et Marion

Les « solutions » sont nécessaires, mais elles n’empêcheront pas l’effondrement

Article tiré de reporterre

Les « solutions » sont nécessaires, mais elles n’empêcheront pas l’effondrement

13 juin 2016 / Pablo Servigne

Face à la perspective de l’effondrement, l’homme chauffe son espoir au foyer de « solutions »,explique l’auteur de cette tribune. Mais ces solutions vont-elles éviter, ralentir ou accélérer l’effondrement ?

Pablo Servigne est coauteur, avec Raphaël Stevens, de Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (Seuil, 2015).

JPEG - 17 ko
Pablo Servigne.

Avez-vous vu le film ou lu le livre Demain ? On y parle dès les premières minutes d’effondrement de notre civilisation, voire d’extinction de l’espèce humaine. Et pourtant, on entend souvent dire que ce film « redonne espoir », « donne du baume au cœur », « fait du bien »… Pourquoi ? Évidemment parce qu’il est bien fichu, la musique et les couleurs sont belles, les questions sont bien posées, et les réponses sont apaisantes, sensibles et intelligentes. On a l’agréable sensation de se sentir moins seul et impuissant. Et enfin, le film a le mérite de présenter des indispensables« solutions ».

« Mais solutions à quoi ? » me suis-je demandé en visionnant le film ? Et à quoi pensent les centaines de milliers de spectateurs qui se pressent dans les salles et qui ressortent avec le sourire au lèvres ? Comment peut-on être à la fois enthousiaste et conscient de la fin de notre monde ?

Les spectateurs croient que l’on peut éviter l’effondrement

La première hypothèse est tout simplement que les spectateurs croient que l’on peut encore éviter un effondrement de civilisation grâce aux solutions proposées dans le film. Autrement dit, que l’on pourrait maintenir notre niveau de vie, élever celui des plus démunis, maintenir à flot l’économie et la finance, faire revenir la biodiversité disparue (ou au moins arrêter l’extinction des espèces), stabiliser le climat, et recycler tous les objets car l’énergie serait gratuite et ne polluerait plus. Personnellement, je n’y crois pas, et avec mon ami Raphaël Stevens, nous avons rassemblé une somme d’arguments qui étayent nos doutes [1].

La deuxième hypothèse serait que les spectateurs s’enthousiasment à l’idée que les « solutions »politiques, techniques et spirituelles présentées dans le film servent à ralentir l’effondrement, et donc à nous donner un petit sursis de quelques années pour nous permettre de préparer les germes d’une nouvelle civilisation, c’est-à-dire revenir doucement à une société décente, bien cloisonnée aux limites et aux frontières de la capacité de la biosphère. Il faudrait pour cela — et ce n’est pas une mince affaire ! — démonter rapidement toutes les centrales nucléaires et sortir totalement et définitivement des énergies fossiles (tout en s’adaptant à un climat imprévisible et violent). Notre niveau de vie baisserait, le niveau de vie des plus démunis pourrait éventuellement s’élever un peu, l’extinction des espèces se stabiliserait à des niveaux acceptables, tout comme le climat, et nous irions vers un niveau de consommation énergétique global très faible, ainsi qu’un civilisation low-tech.

La troisième hypothèse pour expliquer le mystère du mot « solutions » serait au contraire qu’elles permettent d’accélérer l’effondrement de notre civilisation industrielle. Si vous y réfléchissez bien, les mettre en place pourrait précipiter la fin de la finance que nous connaissons, du système-dette, de la mondialisation des échanges commerciaux, du tourisme de masse, de l’extraction d’énergies fossiles et de minerais ou de l’agriculture industrielle. Ce serait donc la fin du monde tel que nous le connaissons. Ces solutions permettraient peut-être aussi d’atténuer les effets de cet effondrement (guerres, maladies, famines, catastrophes naturelles, accidents, etc.) tout en préparant la construction de ce qui pourrait advenir…

JPEG - 115.3 ko
La troisième hypothèse supposerait, notamment, la fin du tourisme de masse.

Alors, qu’en est-il ? Des « solutions »… pour éviter, ralentir ou accélérer l’effondrement ? De retour chez moi, impatient d’avoir une réponse à cette question, j’ai tenté une petite expérience. J’ai posté un sondage sur mon mur Facebook. Je sais, ça craint, mais c’était rapide et facile, et ça m’a soulagé. En quelques heures, j’ai reçu 228 réponses et des dizaines de commentaires vifs et pertinents.

Partis et institutions feraient bien de se mettre à jour

Les résultats méritent d’être partagés. Seuls 3,9 % des participants ont désigné la première hypothèse (éviter l’effondrement). Autrement dit, 96,1 % de cet échantillon de population (biaisé bien entendu [2]) imagine un effondrement comme horizon ! Ce résultat mérite à lui seul qu’une équipe de sociologues s’y intéresse de plus près…

Mais continuons, seulement 41,2 % des personnes interrogées espèrent que les « solutions » du film ralentissent les catastrophes pour pouvoir avoir le temps de construire une société un peu plus décente (deuxième hypothèse). Pourquoi si peu ? Probablement parce que notre « système-monde » est verrouillé. Imaginez, par exemple, que l’on boycotte massivement l’agriculture industrielle, croyez-vous sincèrement qu’elle arrive à se reconvertir tranquillement en quelque chose de « soutenable » (c’est-à-dire sans pétrole, sans phosphate, sans machine lourde, sans pesticide ni engrais de synthèse, sans chaine longue d’approvisionnement, avec beaucoup moins d’emballages et de réfrigération, etc.). Il faudrait changer tout le système alimentaire ! De même, comment imaginer que le système-dette ralentisse et devienne « durable », puisqu’il repose précisément sur l’accroissement infini des dettes ? Un ralentissement économique durable signerait inévitablement son arrêt de mort.

JPEG - 193.2 ko
Imaginez, par exemple, que l’on boycotte massivement l’agriculture industrielle, il faudrait changer tout le système alimentaire !

Cette deuxième hypothèse (croire à un ralentissement de l’effondrement) contient donc une contradiction, une sorte d’étrange mixture entre lucidité et déni : on accepte la possibilité d’un effondrement, mais on se l’imagine encore contrôlable, tranquille, planifié et graduel. Il s’agit là probablement d’une représentation de l’avenir que l’on retrouve au sein du mouvement de la Décroissance. Il serait intéressant de savoir ce que répondraient les objecteurs de croissance à ce sondage…

Enfin, il est impressionnant de constater que plus de la moitié des sondés (54,8 %) sont plutôt persuadés que les « solutions » du film Demain précipiteront la fin de notre civilisation thermo-industrielle. Étonnant, non ? Voilà qui change radicalement le sens commun du mot « solution » ! Voilà aussi un signe que la pensée écologiste a radicalement changé ces dernières années (voire ces derniers mois). Les partis politiques et les grandes institutions feraient bien de se mettre à jour… Car il est désormais impossible d’ignorer le spectre de l’effondrement.

Une situation inextricable, comme la mort ou une maladie génétique incurable, qui n’a pas de solution

Toute cette confusion autour de l’idée de « solutions » est probablement la conséquence d’un malentendu sémantique. En effet, en français, lorsqu’on a un problème, on cherche une solution. C’est simple, il faut analyser le problème, concevoir une solution, puis la mettre en œuvre. Et le problème disparaît. Voilà le schéma général du binôme problème/solution.

Les anglophones, quant à eux, ont aussi des problèmes et des solutions, mais ils ont un autre mot, qui peut s’avérer bien plus utile pour décrire notre situation. Ils utilisent le mot (intraduisible) depredicament. Il s’agit d’une situation inextricable, comme la mort ou une maladie génétique incurable, qui n’a pas de solutions (la mort ne peut pas être résolue), mais pour lesquelles il faut plutôt chercher des moyens de bien vivre avec.

JPEG - 110.3 ko
La mort est la situation inextricable par excellence. Avec elle, pas de solution, sinon des moyens pour mieux vivre dans sa perspective.

Ainsi, face à un predicament, il n’y a pas de solutions, mais il y a des chemins à prendre. On peut, par exemple apprendre à bien vivre avec un diabète de type 1 (grâce aux piqûres d’insuline quotidiennes), et on peut aussi apprendre à bien vivre avec l’idée de notre propre mort. D’ailleurs, c’est cela qui rend la vie plus savoureuse et plus authentique… Mais malheureusement cette question de la mort reste assez taboue dans notre société, ce qui peut expliquer la gêne qui rôde autour de l’idée d’effondrement.

À l’échelle de la société, donc, être prêt à bien vivre les catastrophes qui arrivent, c’est donc d’abord accepter qu’elle puissent mettre fin à notre civilisation. Ce n’est qu’en envisageant le pire (un effondrement brutal et violent) que l’on peut non pas éviter un effondrement, mais espérer trouver un chemin pour diminuer les souffrances, le nombre de morts violentes et l’anéantissement des autres êtres vivants. C’est aussi en acceptant la mort que l’on peut ouvrir la voie à une possible renaissance… après l’effondrement.

Ainsi, les « solutions », aussi enthousiasmantes soient-elles, ne nous permettront pas de« résoudre le problème » de l’effondrement, mais simplement de mieux vivre avec.


- Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Éd. Le Seuil, 304 p., 19 € .


[1Pablo Servigne & Raphaël Stevens. Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Seuil, 2015.

[2Ce petit sondage sans prétention a été réalisé entre le 21 et le 29 mars 2016 sur mon mur Facebook, à destination du public (pas seulement de mes «  amis  »). Le biais d’échantillonnage est donc causé par l’algorithme Facebook (que je ne connais pas) et par l’affinité des participants pour le sujet de l’effondrement.